Pourquoi la SAPN-FNE 05 s’est positionnée CONTRE les JOP 2030 ?

Le « cœur de métier » ou plutôt la raison d’être de la SAPN-FNE 05 est la protection de l’environnement dans les Hautes-Alpes depuis 1976. De nombreux dossiers occupent sans relâche les équipes bénévoles et salariées, pour être à la fois sentinelles et défenseurs de la nature, celle-ci étant souvent agressée même quand des lois prévoient une protection. La destruction de la biodiversité et l’imperméabilisation des sols par des constructions dédiées au tourisme qui serait l’industrie départementale ne sont pas même freinées par la loi ZAN (zéro artificialisation nette), chacun s’arrangeant des contraintes en remettant à plus tard la nécessaire préservation de la terre nourricière. Plus de routes, plus de bâtiments, plus d’attractions, toujours plus « d’aménagements » dans une montagne qui s’effondre sous les crues torrentielles, lors d’événements climatiques de plus en plus violents. La Bérarde en juin, alors qu’en décembre dernier, la route de Risoul dégringolait de la montagne, poussée par l’eau, puis le Pré de Madame Carle et le hameau de Dormillouse devenus inaccessibles….

Que ce soit la lutte contre les UTN (unités touristiques nouvelles), qui voudraient fleurir dans toutes les stations, promettant des milliers de nouveaux lits, alors que les lits « froids » non occupés sont déjà pléthore, ou la lutte contre le troisième tronçon du téléphérique de La Grave, qui envisage de casser et bétonner en haute altitude sur le glacier de la Girose pour que quelques privilégiés puissent skier, l’arrêt des promenades en moto-neige… notre association est déjà sur tous les fronts semaine après semaine pour contrer ces projets écocides, contraires aux lois en vigueur et aux grands principes de préservation de notre environnement.

Les JO 2030 sont promis comme un eldorado ou la solution à tous les maux d’un département délaissé de la Région en termes de transports en commun, dont les emplois précaires liés à la saisonnalité peinent à fixer les familles, d’autant plus que le prix des logements s’envole. Il est plus « rentable » pour les propriétaires de louer à la semaine pour des touristes, que de louer à l’année pour que des familles puissent s’installer.

Notre « quotidien » nous a permis de voir d’autant plus rapidement les conséquences prévisibles de l’organisation des JO 2030. Encore plus de constructions, échappant aux maigres barrières de sécurité législative par lois d’exception associées (pour aller plus vite…) et des promesses fallacieuses d’une liaison ferroviaire qu’il est totalement impossible de rendre capacitaire en des délais aussi courts, avec pour corollaire toujours plus de routes, de voitures, de cars… et d’avions pour amener de l’autre bout du monde des athlètes, leurs équipes, et les spectateurs. 

Le bilan carbone de ces déplacements de masse  et sur de longues distances est le principal pourvoyeur de gaz à effet de serre, lors de JO et autres grandes manifestations internationales. Comment est il possible de promettre des « jeux verts » ou écologiquement responsables alors que ces jeux contribuent à aggraver le réchauffement climatique et le dérèglement climatique qui s’ensuit ?

De plus, le constat du caractère de plus en plus aléatoire de la neige, années après années entre en conflit avec l’obligation de résultat pourtant exigée par le CIO (comité international olympique). Quoi qu’il en coute, les épreuves devront avoir lieu. Canons, eau, énergie… devront pallier aux manques de neige, nous avons tous en mémoire les rubans blancs des pistes artificielles l’hiver dernier en dessous de 1500 mètres, et les pratiques de déplacement de la neige en camions, comme au Grand-Bornand il y a deux ans, cachées derrière le doux nom de « snow farming ».

Alors non, aucune de ces promesses n’est crédible, pas même souhaitable, car attirer toujours plus de monde en provenance de contrées lointaines est irresponsable dans le contexte actuel de changement climatique. L’heure de la transition a déjà sonné, elle est urgente, et ce genre d’événement symbolise la poursuite d’un comportement passéiste, dangereux, qui tout en aggravant la situation, retarde l’évolution indispensable tout en usant d’argent public qui manque déjà…